Blogue de Frederic Gonzalo

Les trois défis du tourisme au Québec (Partie 2 de 2)

Cet article fait suite au premier billet Les trois défis du tourisme au Québec, partie 1 de 2

L’industrie du tourisme est en requestionnement depuis la dernière année, et il s’agit certainement d’un processus sain quand on peut procéder à une telle introspection et proposer des solutions concrètes pour faire avancer les choses.

Depuis le dépôt du rapport Rozon aux dernières Assises du Tourisme en juin dernier, on remarque une volonté palpable chez plusieurs joueurs clés de donner une vision claire à l’industrie touristique, des objectifs tangibles pour que nous puissions redynamiser ce secteur important de l’économie québécoise.

Un avenir en construction

La Chambre de Commerce du Montréal Métropolitain organise d’ailleurs un forum sur l’industrie récréotouristique de Montréal, le 4 novembre prochain, alors que l’Office de Tourisme de Québec travaille présentement sur une vision à long terme, sur les priorités que l’industrie devrait se donner d’ici l’an 2020. Et le 6 octobre dernier, le ministre d’État Maxime Bernier dévoilait la nouvelle stratégie fédérale en matière de tourisme au Canada.

Dans la première partie de ce billet, je traitais de la première priorité selon moi pour redynamiser le tourisme au Québec, soit l’amélioration de l’accessibilité. Dans cette deuxième partie, je parlerai des deux autres défis que je considère névralgiques si l’on souhaite véritablement se positionner sur l’échiquier du tourisme international: l’amélioration du produit touristique, et une révision des structures de soutien à l’industrie.

2. Le produit touristique

Gilbert Rozon l’a très bien résumé lors du dépôt du rapport issu du Comité Performance: « Ton marketing ne peut pas être plus fort que ton produit! ». En d’autres mots, on peut certainement envahir les médias sociaux ou rivaliser de créativité dans nos campagnes publicitaires, nos concours marketing ou des relations de presse sophistiquées, si la prestation de service à l’hôtel, au restaurant ou à un festival est tout juste satisfaisante, ce n’est plus assez pour assurer une viabilité économique à long terme.

Quand un couple du Saguenay a le choix entre une escapade d’un week-end à New York ou à Montréal, il n’aura certainement pas les mêmes attentes mais il risque néanmoins d’avoir un certain budget qui sera assez similaire. Une famille hésite entre une semaine sur la Côte est américaine sur la plage d’Ogunquit ou une semaine en Gaspésie, son analyse et ses besoins seront similaires. Et si on se tourne vers la clientèle internationale, le Français ou le Mexicain qui débarque en Charlevoix, à Tremblant ou en Estrie, cherchera à en avoir autant pour son euro ou son peso que s’il avait opté pour l’Ouest canadien, les États-Unis ou une autre destination plus exotique.

Condamnés à innover

Pour en arriver à offrir un produit de calibre international, un constat s’impose: nous sommes condamnés à innover et à revisiter les façons de faire. Au Québec, nous pouvons compter sur des leaders et des fleurons dans la plupart des catégories importantes en récréotourisme. Des centre de villégiature (Tremblant), des hôtels boutiques (Groupe Germain, Groupe Antonopoulos, etc.), de l’hébergement Relais & Chateaux ou des bannières multinationales (Fairmont, Hyatt, Accor, Hilton, Delta, IHG, etc.), de la restauration novatrice et des attraits et événements d’envergure mondiale (Festival international de Jazz de Montréal, Juste Pour Rire, Festival d’été de Québec, parcs d’eau Calypso, Village Vacances Valcartier, Bromont ou Saint-Sauveur, etc.). Il s’agit bien évidemment d’une liste non-exhaustive, mais on peut certainement prétendre à un calibre international avec cette offre.

Néanmoins, un autre constat s’impose également: notre offre est inégale! On connait tous quelqu’un, parent ou ami, revenu décu d’un séjour au Québec et disant avoir trop cher payé pour ce qu’il a eu, ou reçu, que ce soit dans son assiette au restaurant, à l’hôtel où il hébergeait ou encore dans le cadre de l’attrait visité. Dans certains cas, il y a du déni, mais en général plusieurs propriétaires et gestionnaires sont conscients du besoin de renouveller l’offre et d’investir pour une mise à niveau du produit. Le problème, souvent, en est alors un d’accès au financement.

Le renouvellement du produit est d’ailleurs la pierre angulaire du rapport présidé par Gilbert Rozon et sur lequel la ministre Nicole Ménard compte plancher dans un plan d’action à être dévoilé d’ici les prochaines Assises du tourisme, en mai 2012. Il sera intéressant de voir et entendre les propositions qui seront amenées par le Comité Directeur, formé d’une trentaine d’entrepreneurs et joueurs clés de l’industrie touristique, participant au processus.

3. Les structures en tourisme

Enfin, je ne m’en voudrais de terminer sans parler de la troisième priorité que j’identifie si on souhaite véritablement changer les façons de faire en tourisme au Québec: revisiter le nombres de structures et d’intervenants liées de près ou de loin au soutien et à la promotion du tourisme. Ici encore, un constat s’impose: « il y a multitude d’intervenants publics, et les investissements se font sans vision et sans plan de match global » (extrait du rapport Comité Performance de l’industrie touristique, page 18). Concrètement, on parle de:

  • 10 ministères et organismes au niveau fédéral
  • 19 ministères et organismes au niveau provincial
  • 120 CLD (Centre Local de Développement)
  • 21 CRÉ (Conférence Régionale des Élus)
  • Les MRC et municipalités à travers le province
  • 22 ATR (Association Touristique Régionales)
  • 21 ATS (Association Touristique Sectorielle)

Vous aurez évidemment compris que dans toutes ces structures, on retrouve une équipe administrative en place, des employés, des budgets et des plans d’action. La question qui tue: a-t-on vraiment les moyens d’avoir tant de joueurs qui font la promotion du tourisme? Moins d’argent dans les structures voudrait dire un transfert possible et plus d’investissement possible dans le développement du produit, dans sa commercialisation et dans son accessibilité. En tant qu’industrie, avons-nous vraiment cette volonté de changer les choses? Et surtout, veut-on se donner les moyens de nos ambitions? Dans l’affirmative, le changement voudra dire la fin du statu quo, avec ce que cela suppose…

Moi, j’en suis. Et vous?

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