Il fut un temps où la parution d’un nouveau cahier NETendances sur l’utilisation du numérique au Québec était une occasion spéciale, voire une fête pour les gens qui travaillent dans le web et les médias sociaux. En effet, même s’il existe une panoplie d’études sur l’utilisation du numérique aux États-Unis ou à l’échelle mondiale, on en retrouve encore assez peu qui se penchent spécifiquement sur la réalité de la société québécoise.
Je vous rapportais d’ailleurs récemment les résultats d’une excellente étude de Ressac et Léger, qui détaille bien qui utilise quel média social au Canada en 2023. Cette dernière étude reposait sur un échantillon de plus de 3,000 internautes Canadiens, sondés à l’été 2022 sur leur utilisation du web et des médias sociaux. Mais bon, le Canada, ce n’est pas tout à fait le Québec, comme le soulignait d’ailleurs cette étude, avec quelques différences assez marquées dans l’utilisation que l’on peut se faire des réseaux sociaux ou de la messagerie, notamment.
Bref, l’Académie de transformation numérique ayant pris le relais du CEFRIO en 2020 sur la production des cahiers NETendances, une toute nouvelle étude vient de paraitre en juin 2023: Actualités en ligne, réseaux sociaux et balados. Un rapport qui a bien sûr la grande qualité de s’attarder exclusivement à la réalité québécoise, ce que l’on apprécie.
Par contre, certaines conclusions et éléments du rapport font tiquer. Notamment:
- Taille de l’échantillon: avec un peu plus de 1,270 participants, je veux bien que l’échantillon soit statistiquement valide. Mais ça demeure petit, surtout quand on découpe selon hommes et femmes, puis en 7 sous-segments d’âge;
- Comparatif 2021: dans la même veine, on compare les résultats de 2022 avec 2021, quand la taille de l’échantillon était encore plus petite, soit près de 1,070 participants;
- Délai de parution: le sondage a été effectué auprès des participants durant le mois de septembre 2022. Il s’agit ainsi de données pour 2022 versus 2021, même si le rapport parait à mi-chemin de 2023;
- Utilisation du métavers: le rapport nous apprend que 18% des adultes québécois ont déjà utiliser le métavers. Vraiment? Un Québécois sur cinq? Avec le casque, l’avatar et tout le bazar?
- Utilisation de NFT: ici aussi, le rapport nous dit que 19% des Québécois ont déjà utilisé un jeton non fongible (NFT). Un Québécois sur cinq! Un peu de misère à croire cette statistique…
Ceci étant dit, il y a plusieurs éléments pertinents et intéressants dans cette étude alors ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain, n’est-ce pas?
Temps passé sur les médias sociaux en forte baisse
Tout d’abord, même si les médias sociaux vivent une forme de crise d’adolescence, ils n’en demeurent pas moins très utilisés et omniprésents dans nos quotidiens. C’est ainsi près de 4 adultes québécois sur 5 qui les utilisent, une proportion encore plus élevée (91%) chez les adultes de 18 à 44 ans.
Ici encore, je reste néanmoins étonné d’apprendre que l’utilisation par jour ait baissé de manière aussi drastique en 2022 vis-à-vis de 2021. Ainsi, nous passerions dorénavant 2h50 par jour sur les médias sociaux, contre 3h33 en 2021, soit une baisse de 43 minutes, ou 20%. C’est quand même énorme!
Est-ce parce que nous étions encore en contexte de pandémie et de couvre-feu au Québec au début 2021, expliquant une plus forte utilisation des médias sociaux? Le rapport ne le dit pas, mais il sera intéressant de voir si cette tendance se poursuit lors de la parution d’un éventuel prochain rapport.
Facebook toujours au sommet
On ne s’étonne pas de voir Facebook trôner toujours au sommet des médias sociaux les plus utilisés pour le loisir par les adultes québécois. Je suis par contre surpris de voir une augmentation dans l’utilisation, passant de 85% en 2021 à 88% en 2022.
Le rapport ventile d’ailleurs cette utilisation par genre, et par catégorie d’âge. Chez les 18-24 ans, on remarque ainsi la désaffection de Facebook, avec 68% d’utilisation, soit presque autant que TikTok avec 63% pour cette catégorie d’âge. N’empêche, je me questionne: sept Québécois sur dix âgés de 18-24 ans utilisent Facebook? Vraiment?
De même, il est plutôt étonnant de voir Instagram comme seul média social à perdre de l’intérêt, alors que toutes les autres plateformes ont vu leur utilisation croître selon le rapport. Une baisse de 42% à 39%, soit trois points de pourcentage, c’est peu mais quand même. Ici encore, ce n’est pas ce que je constate sur le terrain dans mon réseau personnel et d’affaires (même si le topo est “loisirs”, j’en conviens).
TikTok… pour le travail!
Et quels sont les médias sociaux utilisés dans un contexte d’affaire, pour le travail? Sans surprise, on voit Linkedin se frayer un chemin dans le top 5, cette plateforme étant surtout conçue et utilisée par et pour les professionnels, recruteurs et entreprises.
La surprise vient toutefois de TikTok, qui pointe en 3e position, coiffant même Linkedin et Instagram au passage, avec 12% des adultes québécois affirmant l’utiliser pour le travail. Notons toutefois que le sondage ayant été fait en septembre 2022, les effets du bannissement de la plateforme ne sont pas tenus en compte. Il sera intéressant de voir si cette forte progression aura été stoppée par les récentes controverses au sujet de la plateforme populaire lors de la prochaine étude.
Autres informations pertinentes
Je vous invite à consulter le rapport complet directement sur le site de l’Académie de transformation numérique, en cliquant ici. Vous y trouverez également plusieurs tableaux explicatifs, ventilant l’utilisation des médias sociaux par genre, catégorie d’âge, statut citoyen (Québécois vs immigrants), niveau d’éducation, et plus encore.
On retrouve également des sections portant sur les raisons de consommer les médias sociaux, le niveau de confiance envers ces plateformes, la consommation de contenus payants, la popularité des podcasts et enfin, l’utilisation de nouvelles technologies comme le métavers et les NFT.
Au final, un rapport qui demeure intéressant malgré les doutes soulevés et mentionnés dans cet article.
je cherche une opinion
sur le potentiel des médias sociaux
pour l’amélioration de la santé des québécois
suis un médecin
Ça dépend de l’angle que vous recherchez. Les médias sociaux ont un potentiel certain pour améliorer la santé des Québécois, par l’entremise des contenus éducatifs qu’on peut y retrouver. On n’a qu’à penser aux tutoriels ou vidéos au sujet de nutrition qui circulent sur TikTok, Instagram ou encore YouTube.
Par contre, il y a beaucoup de mésinformation. Et tout le côté des médias sociaux qui peuvent nuire à la santé mentale, en renvoyant parfois une image préfabriquée ou irréelle, surtout chez les plus jeunes ou gens qui ont enjeux (obésité, anorexie, bullying, etc.).
Vous pouvez toujours m’écrire à info@gonzomarketing.biz pour en discuter.
Au plaisir,
Frédéric