À moins de revenir tout juste d’un séjour dans le fin fond des bois ou d’une semaine dans l’espace, vous avez entendu parlé de la folie Pokémon Go, qui s’avère sans contredit LA coqueluche de l’été, voire de l’année 2016!
On parle d’un phénomène mondial, comme on en jamais vu en terme d’adoption rapide et de volume. Considérez ces quelques chiffres pour vous en convaincre:
- Mise en ligne le 6 juillet 2016, l’application comptait plus de 26 millions d’utilisateurs actifs aux États-Unis dix jours plus tard!
- Plus de 10 millions de téléchargement sur Google Play (Android)
- Pokémon Go est devenu l’application mobile la plus lucrative aux États-Unis en l’espace de… 13 heures!
- Pokémon Go a été téléchargé par plus d’utilisateurs en une semaine que Tinder en cinq ans!
- Google et Nintendo auraient investi 30 millions de dollars dans le développement de l’application. Celle-ci avait déjà généré plus 14 millions de dollars en revenus après cinq jours seulement.
- La valeur boursière de Nintendo a augmenté de 9 milliards de dollars cinq jours après le lancement de Pokémon Go.
- L’application est disponible dans près de 30 pays, et au Canada depuis le 17 juillet officiellement.
C’est bien beau tout ça, mais vous vous demandez peut-être d’où origine un tel succès et si la bulle va se dégonfler aussi vite que son arrivée foudroyante au sommet?
Aucun doute, il y a un côté éphémère à un tel phénomène, mais je ne crois pas que la folie est passagère. Au contraire, je crois qu’on voit poindre ici tout le potentiel lié à la réalité augmentée et la réalité virtuelle, surtout quand ces deux aspects viennent se concrétiser dans la réalité tout court. Je m’explique.
Pourquoi un tel succès?
Une des premières raisons du succès de ce jeu est que, pour la première fois, on a affaire à une application de réalité augmentée qui se veut ludique et accessible. C’est-à-dire qu’on utilise une technologie – l’application mobile développée par la firme Niantic, qui est en fait un joint venture de Google et Nintendo – permettant d’interagir avec la vraie vie.
Les petits monstres de Pokémon se retrouvent ainsi dans votre salon, le bol de fruits dans la cuisine, les allées d’un musée, l’entrée d’un restaurant, un buisson de la forêt de votre quartier et j’en passe.
Une autre raison évidente est qu’on fait appel à un imaginaire déjà connu, soit celui de Pokémon, avec Pikachu et toutes ses bêtes qui sont familières pour toute une génération (fin années 90) et qui est demeuré populaire au fil du temps.
Ayant téléchargé l’application hier avec mes enfants, j’ai partagé l’expérience sur Facebook et voici quelques témoignages recueillis depuis:
- Tous les enfants du camp de jour ne jurent que par la chasse aux Pokémon. Ça ratisse large: 8 à 18 ans!
- Des jeunes adultes (18-25 ans) font des soirées sur cette thématique, et on voit même des YouTubers qui deviennent populaires en partageant leur expertise, certains vendent même leurs services sur Kijiji.
- Des adultes dans la trentaine et la quarantaine qui m’avouent trouver sympa de voir leurs enfants vouloir sortir pour marcher et aller à la chasse aux Pokémons. Certains m’avouent même qu’ils sont eux-même accros (plus que leurs enfants, même!)
- Plusieurs, plusieurs personnes dépassées par la magnitude du phénomène!
À la différence de jeux populaires à la Angry Birds ou Candy Crush, Pokémon Go nécessite un déplacement vers des endroits spécifiques, et intègre des notions d’interaction entre le virtuel et le réel, ce qui le distingue et le rend si attractif. On ne parle plus d’un jeu statique qui se consomme seul dans son salon.
Et une fois qu’on a capturé assez de monstres, il y a tout le volet des combats qui prend le relais, notamment avec la possibilité de se mettre en équipe pour obtenir de meilleurs résultats.
Et, comme on peut si attendre, qui dit combat et activités dans l’application, dit aussi opportunité d’achats pour bonifier l’expérience, d’où le modèle d’affaires actuel pour l’application mobile.
Un fort potentiel en tourisme
Imaginez maintenant que vous êtes une destination, ou un quartier spécifique, et que vous souhaitez attirer cette manne potentielle? On voit déjà des destinations touristiques tirer profit de cette opportunité, en mettant de l’avant les endroits populaires pour y rencontrer des monstres rares, qui seront d’autant plus prisés des millions d’adeptes de ce jeu.
Parmi les premiers à embarquer dans l’aventure, notons:
- Visit Anaheim, en Californie, qui publiait le 11 juillet dernier la liste des meilleurs endroits pour chasser les Pokémon;
- Quelques jours plus tard, Travel Portland, en Oregon, dévoilait les meilleurs endroits pour rencontrer un Poké-Stop où faire le plein de monstres et de munitions;
- Le musée d’art américain Crystal Bridges, à Bentonville, incite les gens à venir chasser les Pokémons avec sa nouvelle exposition;
- Plus récemment, Tourisme Montréal publiait sur son blogue le Top 10 des activités familiales pour vivre la folie Pokémon Go à Montréal.
- Du côté de Tourisme Laval, on invite aussi les utilisateurs sur Instagram à découvrir la ville via Pokémon Go…
Comme on peut le voir, il s’agit sans contredit d’une opportunité pour non seulement faire partie de la marque et/ou de la destination, mais surtout de générer du trafic. J’entendais récemment une amie me dire que sa fille irait au Festival Juste pour Rire ce soir à Montréal… parce qu’il y a beaucoup de Pokémons et de Poké-Stops au centre-ville de Montréal!
On peut ainsi imaginer un autre fort potentiel à moyen terme où des événements ou des destinations seraient prêts à payer pour obtenir l’exclusivité de certaines activités, monstres ou combats de l’univers de Pokémon.
Légoland en Floride se targue d’ailleurs d’avoir 25 Poké-Stops sur son territoire – l’histoire ne dit pas s’ils ont payé pour obtenir cette visibilité… et si Nintendo ne serait pas disposé à offrir cette possibilité à d’éventuels partenaires.
Attention aux dérives
Évidemment, cette folie a tout pour déplaire autant à une vaste majorité de gens qui n’en ont rien à cirer de ces petits monstres, et on peut les comprendre. D’ailleurs, on voit déjà apparaitre des comportements dysfonctionnels de gens en voiture conduisant et chassant des monstres… pour finalement emboutir une voiture de police.
Le Musée de l’Holocauste à Washington a également dû sévir contre des adeptes ne respectant pas l’étiquette et le civisme propre à un tel lieu, sans parler des gens qui marchent dangeureusement sur des voies ferrées à la poursuite de monstres, mais oubliant au passage la circulation de trains. On commence déjà d’ailleurs à voir des campagnes de sensibilisation…
Alors, pour ou contre la folie Pokémon Go? Comme d’habitude, je prends mon chapeau de marketer et je vous invite d’abord à télécharger l’application pour tenter de comprendre la nature du phénomène lui-même et d’en percevoir les contours.
Le premier endroit que j’ai découvert près de chez moi pour un Poké-Stop est l’Hôtel Plaza. La question à se poser, pour les intervenants du domaine touristique comme dans le commerce de détail est: comment peut-on utiliser cette opportunité de manière à répondre à un besoin d’affaires!
Si vous vous lancez sur cette nouvelle plateforme sans objectif, ni stratégie, ce sera une pure perte de temps et de ressources, sans oublier le potentiel de commentaires négatifs qui pourraient en résulter. On l’a vu avec Facebook, puis Instagram ou Snapchat pour des marques qui n’avaient pas vraiment compris les subtilités de la plateforme. Mais pour ceux et celles qui sauront bien prendre la vague, le potentiel est bien réel… et virtuel!
Sur ce, bonne chasse 🙂
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