C’est hier qu’avait lieu au Centre des Congrès de Québec la 11e édition des Assises du Tourisme, un événement annuel regroupant les décideurs de l’industrie touristique.
Un peu plus de 500 participants – un record – ont assisté à cette rencontre où étaient enfin dévoilés les détails majeurs du nouveau modèle d’affaires et de gouvernance du tourisme au Québec, dont plusieurs éléments avaient déjà faits l’objet de fuites dans les médias au cours des dernières semaines.
Lire: Communiqué officiel du Ministère du Tourisme
La naissance d’une nouvelle entité: AITQ
Avant toute chose, on doit comprendre que Tourisme Québec s’était dotée d’un plan de développement de l’industrie touristique (PDIT) sur l’horizon 2012-2020 dans la foulée du dépôt de rapport du Comité de performance en 2011, présidé à l’époque par Gilbert Rozon. Or, rendu à mi-chemin de cet échéancier on constate un retard par rapport aux objectifs fixés à l’époque, soit:
- Augmenter de 7% les recettes touristiques;
- Accueillir 7M de plus de visiteurs;
- Créer 50,000 nouveaux emplois.
L’industrie avait d’ailleurs fait part de sa préoccupation face à une situation qui n’allait pas en s’améliorant. On parlait même, à la fin 2014, de la nécessité pour l’industrie touristique québécoise de procéder à un électrochoc.
Une des solutions proposées dans cette lettre était de créer une agence indépendante pour s’occuper du marketing de la destination, demande qui avait également été suggérée dans un mémoire déposé par les Associations Touristiques Régionales (ATR) associées du Québec.
La ministre Dominique Vien a visiblement écouté, et la naissance d’une nouvelle entité était d’ailleurs au coeur de l’annonce d’hier: l’Alliance de l’Industrie Touristique du Québec (AITQ) – à ne pas confondre avec l’association des intervenants en toxicomanie du Québec, hein?
Le diable est dans les détails
Comment est accueillie cette nouvelle dans l’industrie? Favorablement, malgré certains bémols. Il va sans dire que la création de l’AITQ, dont le mandat sera de planifier, coordonner et exécuter les efforts marketing sur les marchés touristiques hors-Québec, est la bienvenue.
Dans un contexte mondial devenu ultra-compétitif, cette nouvelle entité aura l’agilité et la flexibilité pour agir et réagir aux opportunités et menaces auprès des marchés clés. L’imputabilité sera également au rendez-vous, avec un conseil d’administration réunissant les trois associations fondatrices (ATR, ATS, AQIT) ainsi que des entrepreneurs et organismes privés.
Ce modèle existe déjà en Ontario, en Colombie-Britannique, aux États-Unis et en Europe. On peut donc s’inspirer des meilleures pratiques, tout en évitant les écueils connus et prévisibles.
Des échéanciers réalistes?
Des interrogations subsistent néanmoins au niveau des échéanciers notamment – une mise en place de cette Alliance dès le 1er avril 2016 – ainsi que du financement. La ventilation du budget d’opérations de 30M$ repose notamment sur 10M$ provenant de la taxe d’hébergement harmonisée à 3.5%, découlant du projet de loi 67 présentement à l’étude. Et un autre 7M$ doit provenir de manière récurrente de l’industrie, ce qui reste à voir.
Le Ministère du Tourisme conservera le volet du service d’accueil dans la destination, de même que la recherche et l’intelligence d’affaires. Certains emplois seront néanmoins perdus au passage, comme le rapporte le journal Le Devoir.
Ce que j’en pense ? Je dois lever mon chapeau aux gens qui ont travaillé sur les divers comités au cours de la dernière année, de concert avec la ministre Vien et son directeur de cabinet, Pierre Millette. On sent une réelle volonté de changement, et la création de cette nouvelle AITQ est un grand pas en cette direction. Bravo!
Toutefois, l’enfer étant pavée de bonnes intentions, le diable sera donc dans les détails de cette transition qui devrait mener, à terme, à la dissolution de trois associations (ATR, ATS, AQIT) et de nouvelles initiatives plus percutantes, tant Hors-Québec qu’au niveau pan-national sur le marché intra-Québec.
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