Suite à ma participation aux premières « Franco-québécoises du etourisme » en juin dernier, je partage avec vous les faits saillants discutés lors d’ateliers. Le sujet d’aujourd’hui: Veille stratégique et curation.
En tourisme, comme dans la plupart des industries aujourd’hui, plusieurs intervenants et décideurs peinent à se tenir informés sur les nouvelles tendances et les grands enjeux tellement l’information est abondante et circule rapidement, particulièrement avec l’avènement des médias sociaux. C’est le phénomène de l’infobésité, contre laquelle la veille stratégique et la curation doivent joueur leur rôle respectif de contrepoids. Lire aussi 12 outils pour mieux gérer l’infobésité des médias sociaux
VEILLE STRATÉGIQUE VS CURATION
D’abord, quelle est la différence entre veille stratégique et ce qu’on appelle ‘curation de contenu’?
La curation de contenu (de l’anglais content curation ou data curation) est une pratique qui consiste à sélectionner, éditer et partager les contenus les plus pertinents du Web pour une requête ou un sujet donné. Source: Wikipedia
Anciennement appelée « veille industrielle », la veille stratégique, qui inclut la veille technologique, regroupe les techniques de recherche documentaire et de traitement de l’information permettant la prise de décision stratégique pour une entreprise ou une administration. Source: Wikipedia
La curation représente ainsi une sélection et un filtre de sujets basés sur un processus manuel ou automatisé. La veille stratégique pousse l’exercice plus loin, avec pour objectif ultime de renseigner afin de permettre la prise de décision.
OUTILS AUTOMATISÉS OU MANUELS?
Il existe d’ailleurs plusieurs outils automatisés permettant d’effectuer une certaine curation de contenu selon des sujets qu’on définit au préalable. Par exemple scoop.it ou paper.li, sans oublier la suite des outils Google, i.e. Google News, Google Reader, etc. Puis il y a des infolettres de l’industrie qui relaient les contenus, comme par exemple le bulletin TourismExpress au Québec ou le Quotidien du Tourisme en France.
Enfin, il existe des bulletins spécialisés selon les niches: agences de voyages, croisières, hôtellerie, restauration, etc. Cependant, pour parler de ‘curation’, une certaine forme d’éditorialisation des contenus doit prendre place. C’est-à-dire qu’on aspire à ajouter une certaine valeur ajoutée, commentaire ou contexte afin de ne pas simplement agir comme gatekeeper de l’information.
Un constat fut soulevé lors des discussions. Souvent, on suit des fils RSS et des blogueurs influents et on obtient autant d’informations, sinon plus, qu’à la lecture d’infolettres de l’industrie. Un autre enjeu soulevé: l’appétit est grand pour aller plus loin que la curation et avoir des veilles stratégiques dédiées par secteur d’industrie. Mais l’information générée est-elle consommée? Aide-t-elle à la prise de décision pour l’entrepreneur?
Pour Paul Arsenault, Titulaire de la Chaire en Tourisme Transat de l’ESG UQAM et responsable du Réseau de Veille en tourisme, “On n’est pas dans l’actualité touristique, mais bien dans l’analyse touristique” donc moins sensible à l’enjeu de l’instantanéité. La veille stratégique doit ainsi justement tirer son épingle du jeu en ne commentant pas l’actualité mais plutôt en l’analysant pour voir les impacts, défis et opportunités pour les intervenants en tourisme.
LIEN MANQUANT ENTRE ANALYSE ET EXPERTISE SUR LE TERRAIN
Un autre constat qui nous a interpellé fut le manque apparent de passerelle, ou chaînon manquant, entre la veille stratégique et l’exécution opérationnelle. La veille et la curation agit en tant que “généraliste” mais il manque l’expertise sur le terrain. “Nous sommes des généralistes du etourisme, mais des experts en rien”, comme le disait un blogueur français participant à l’atelier. Est-ce à dire qu’il y a de l’espace pour des consultants spécialisés et qui connaissent bien la réalité terrain, dans les opérations touristiques? Ce semble être le cas.
Ce qu’on retient également, c’est que les médias sociaux ont changé la nature de la veille et de la curation, car on n’a qu’à suivre des gens ou personnalités sur Facebook ou Twitter, et on obtient l’information rapidement. Parfois, on “fait de la veille, pour faire de la veille”. Est-on toujours pertinent? Les outils polluent souvent le débat: les gens focusent sur internet, les outils, mais on oublie souvent l’utilisateur, l’humain…
FREINS ET BONNES PRATIQUES
Ceci étant dit, et même si l’organisation de ces ateliers se sont faites sous les auspices du Réseau de Veille de la Chaire en tourisme Transat, il va sans dire que ce dernier est considéré comme un modèle à suivre. Non seulement au Québec mais à travers l’Europe francophone et le nord de l’Afrique, où on retrouve une portion non négligeable du lectorat actuel. Chaque analyse produite par le Réseau de veille obtient de fortes statistiques de lecture et de partage, ce qui confirme la popularité de ses contenus.
Parmi les freins mentionnés, toutefois, persiste le danger que tout le monde reprenne les mêmes contenus, surtout lorsqu’il s’agit de curation au moyen d’outils automatisés. Ce n’est pas parce qu’un article a été relayé à plusieurs reprises que cela rend son contenu plus pertinent. Même qu’on en vient parfois à négliger le lectorat-cible, en se concentrant trop sur les nouvelles technologies ou sur une tendance de l’heure. Ceci, au détriment des préoccupations managériales des intervenants de l’industrie.
Avec le flux d’information sans cesse croissant, la curation et la veille stratégique sont donc appelés à jouer des rôles de plus en plus névralgiques dans notre arsenal d’outils de communications marketing. Qu’en pensez-vous? N’hésitez pas à commenter dans la section ici-bas pour lancer la discussion.
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