Depuis quelques années, certains considèrent de plus en plus le tourisme hivernal comme panacée aux maux du tourisme québécois. Notre chaude saison estivale est très courte, allant de mai à octobre si on est généreux, mais plus vraisemblablement du début juillet à la fin août pour une majorité d’intervenants et de régions, à l’exception des centres urbains de Montréal et de Québec.
Dans ce contexte, Tourisme Québec a donc mis le tourisme hivernal au coeur de ses priorités dans le cadre de son approche de développement d’ici 2020, au même titre que la mise de l’avant du fleuve St-Laurent avec son tourisme fluvial, les croisières et les activités nautiques. Vous aurez peut-être même remarqué ces publicités incitant les Québécois à profiter de l’hiver dans leur propre province?
Avec du placement publicitaire lors du très populaire Bye Bye 2013 et dans LaPresse+ notamment, il s’agit d’une première incursion sur le marché domestique pour Tourisme Québec, une promesse évoquée par le ministre Pascal Bérubé en 2013.
MON PAYS C’EST L’HIVER
Le paradoxe du tourisme hivernal tient dans le sentiment ambigu que l’on entretient avec cette saison froide au Québec. Il suffit de regarder les bulletins météo et les nouvelles dans les médias traditionnels québécois pour se convaincre de l’enflure négative quand il est question du froid.
Quelques exemples de phrases entendues à la radio et la télvision durant la semaine entourant le Nouvel An:
- Refroidissement éolien polaire…
- Front glacial qui nous vient de l’Arctique…
- Des froids de -15C sous la normale saisonnière…
Et après on s’étonne de voir si peu de gens se déplacer dans les stations de ski et centres de plein-air! Dans le dernier exemple ci-haut, on annonçait un minimum de -19C dans les Laurentides, pour le 30 décembre.
La normale saisonnière serait donc de -4C ? Allons donc! Pour avoir travaillé plusieurs années dans l’industrie du ski, je sais pertinemment l’impact préjudiciable que peuvent avoir les prévisions météorologiques apocalyptiques sur le comportement des skieurs, non pas les mordus et les invétérés, mais plutôt la masse critique de skieurs occasionnels qui opteront alors pour une autre activité, voire faire du shopping ou aller dans un cinéma au chaud.
Ceci étant dit, pour les braves qui comprennent qu’il ne faut pas toujours prendre les prévisions météo au pied de la lettre, que voilà une belle opportunité de profiter de conditions de glisse impeccables, loin des foules typiques du temps des Fêtes.
Le bonheur de ces quelques skieurs ne compense néanmoins pas le malheur des gestionnaires des stations de ski qui se voient ainsi privés d’importants revenus dans une période qui peut représenter jusqu’à 30% du chiffre d’affaires de l’hiver au complet.
LEADERSHIP URBAIN
J’habite Québec depuis maintenant cinq ans, et on dit parfois à la blague que l’hiver y dure deux mois de plus qu’à Montréal – ça commence un mois plus tôt, en novembre, pour se poursuivre un mois plus tard, jusqu’à la fin avril.
Au-delà de la légendaire rivalité Nordiques-Canadiens qui a fait le bonheur (ou malheur, c’est selon) des fans de hockey durant les années 80, les deux villes rivalisent depuis toujours aux niveaux politique, économique et social, mais aussi comme prétendants au titre de “meilleure ville d’hiver”.
Si l’hiver dure plus longtemps et semble mieux accepté à Québec, il n’est pas en reste à Montréal. Les deux villes proposent ainsi de plus de plus de festivités afin de rendre la saison hivernale plus cool que jamais :
Célébrations du Nouvel An (Québec)
Après Boy George en version DJ l’an dernier, c’était au tour de DJ Champion de réchauffer la foule et marquer le pas des festivités pour 2014 sur Grande Allée, l’artère commerciale principale de Québec, transformée en zone piétonne et plancher de danse pour l’occasion. Ce n’est pas encore Time Square, mais l’ambiance y est festive à souhait!
Igloofest (Montréal)
Ce qui avait débuté comme un petit événement de niche il y a quelques années est devenu un rendez-vous incontournable pendant quatre weekends de janvier et février, avec une programmation riche et variée pour les oiseaux de nuits et hipsters qui aiment bien se déhancher au son des meilleurs DJ du Québec et à l’international. Trippant de voir 6,000 personnes danser et sauter par -20C !!
Hôtel de Glace (Québec)
À l’aube de sa 14e année d’existence éphémère, l’hôtel de glace propose une offre unique, ancrée dans la saisonnalité et variant de thématique d’année en année, afin de rendre sa visite toujours aussi originale et de circonstance, tant pour le voyageur d’agrément, l’excursioniste que les groupes et réunions souhaitant une sortie hors de l’ordinaire.
Très dommage que le Village des Neiges, un concept montréalais similaire et concurrent qui a attiré les foules à son emplacement sur l’Ile-Ste-Hélène au courant des deux derniers hivers, ne verra pas le jour cette année…
Carnaval de Québec (Québec)
En 2014, l’événement-phare de l’hiver québécois souffle ses 60 chandelles, non sans avoir passé à travers divers cycles au fil des ans. Cette année marque d’ailleurs un virage par rapport aux dernières années, durant lesquelles le Carnaval s’était éloigné de sa base, des commerçants et de la population locale, notamment avec son emplacement exclusif sur les Plaines.
Les duchesses sont de retour, dans une version revue et adaptée, le chateau de Bonhomme revient face au Parlement, et plusieurs activités auront lieu dans les quartiers. Le must à ne pas manquer? La Guerre des Ducs – un clin d’oeil au film culte La Guerre des Tuques, qui aura 30 ans en 2014 – une bataille de boules de neige, où Québec veut battre le record de Seattle et attirer plus de 6,000 personnes sur les Plaines!
Montréal en Lumières (Montréal)
Pour sa 15 édition, le festival Montréal en Lumières semble perdre de son lustre, ce qui ne l’empêche pas d’être un événement gastronomique d’intérêt tant pour les Montréalais que pour les visiteurs et touristes.
Vu le succès indéniable de l’événement Montréal à Table à ses deux premières années d’existence (novembre 2012 et 2013), peut-on espérer une version hivernale de ce regroupement de restaurants en même temps que Montréal en Lumières, greffant au tout une composante internationale, voire même compétitive?
L’évolution de cet événement-phare comporte des interrogations, mais son potentiel demeure indéniable.
SANS OUBLIER TOUT LE RESTE…
Hormis les grands centres urbains et leurs festivals et événements, on ne peut passer sous silence la panoplie d’attraits qui demeurent ouverts et aussi pertinents, peu importe la saison: musées, centres d’interprétation, parcs nationaux, casinos, Biodôme et Planétarium de Montréal, Aquarium du Québec, zoo de St-Félicien, etc.
Et ce, tant dans les milieux urbains qu’en région et dans les plus petites municipalités. Sans oublier les stations de ski, les spas, les centres de glissades (Valcartier, St-Jean-de-Matha, etc.), l’offre de restauration que demeure aussi riche et variée que durant la chaude saison. Et bien sûr, la motoneige et les traineaux à chien, pour se déplacer, hein?
Alors, que nous faut-il de plus pour nous approprier l’hiver et devenir les premiers ambassadeurs de notre destination à travers nos réseaux sociaux, réels et virtuels?
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