Le plus récent rapport NETendances 2024, publié par l’Académie de la transformation numérique de l’Université Laval, dresse un portrait fascinant des habitudes numériques des Québécois. Voici cinq faits marquants qui mettent en lumière l’évolution des comportements en ligne et leur impact sur la consommation médiatique.
1. baisse notable des abonnements à l’actualité en ligne
En seulement deux ans, la proportion d’internautes québécois payant pour accéder à du contenu d’actualité en ligne est passée de 28 % en 2022 à 12 % en 2024. Cette diminution reflète une tendance mondiale, avec des chiffres similaires observés en France (11 %) et en Espagne (12 %). À l’inverse, des pays comme la Norvège (40 %) et la Suède (31 %) affichent des taux nettement plus élevés. Cette désaffection soulève des questions sur la durabilité des modèles d’affaires des médias numériques face à une concurrence de plus en plus féroce.
Il sera intéressant de voir dans les prochaines études s’il s’agit d’un comportement conjoncturel, en lien avec l’actuelle situation économique plus difficile. Ou s’il s’agit d’une désaffection qui ne s’estompera pas dans le temps. À suivre.
2. confiance limitée envers les médias sociaux
Seulement 8 % des internautes québécois accordent une forte confiance aux médias sociaux pour relayer l’information, contre 47 % pour les médias traditionnels. Bien que les réseaux sociaux soient devenus une source majeure d’information, leur fiabilité reste en cause. Cette méfiance s’étend également à la gestion des données personnelles : 28 % des utilisateurs estiment que les publicités ciblées qu’ils y voient sont influencées par leurs conversations privées, un sentiment qui alimente la controverse sur la transparence des plateformes.
On remarque toutefois des nuances importantes selon l’âge des répondants au sondage qui a mené à ce rapport. En effet, on observe une plus forte méfiance envers les médias sociaux chez les utilisateurs de plus de 55 ans, alors que chez les 18-34 ans, on voit moins d’écart dans le niveau de confiance envers les médias traditionnels ou sociaux.
3. montée en puissance des vidéos courtes
Les vidéos courtes au format vertical, popularisées par TikTok, séduisent une majorité d’utilisateurs, en particulier chez les 18-34 ans (77 %). Ces formats captivants, soigneusement adaptés aux intérêts individuels par des algorithmes, contribuent à augmenter le temps passé sur les réseaux sociaux pour près de la moitié des utilisateurs. Leur attrait repose sur une gratification immédiate et un accès intuitif, des caractéristiques qui transforment le paysage numérique.
Je souligne au passage les statistiques autant chez les 35-54 ans que chez les utilisateurs de 55 ans et plus, où l’on voit aussi un intérêt marqué envers ce format. Aucune raison, donc, de ne pas miser sur les reels dans Facebook ou Instagram, sur les Shorts dans YouTube ou encore sur vidéos courtes qui font l’apanage de TikTok.
4. usage des réseaux sociaux en constante évolution
Les Québécois consacrent en moyenne près de trois heures par jour aux réseaux sociaux, avec des différences significatives selon l’âge. Les 18-34 ans se démarquent par leur engagement plus intense, 45 % d’entre eux passant au moins trois heures quotidiennement sur ces plateformes. Pourtant, 76 % d’entre eux considèrent y passer trop de temps et tentent parfois de réduire cette consommation, révélant une prise de conscience croissante des impacts de ces habitudes numériques.
5. pensée critique face à la désinformation
Malgré une exposition fréquente aux fausses nouvelles, seulement 31 % des internautes québécois se disent confiants dans leur capacité à les identifier. Cependant, 69 % affirment adopter des pratiques de vérification, comme consulter plusieurs sources avant de croire une information. Ces réflexes témoignent d’un développement encourageant de la littératie médiatique, essentielle pour naviguer dans un environnement numérique complexe.
J’avoue que j’ai trouvé ce tableau intéressant, même s’il m’a rendu quelque peu perplexe. Je veux dire, comment définit-on une “forte pensée critique”, n’est-ce pas? Le concept est assez subjectif. Qu’à cela ne tienne, il est intéressant de voir le podium de tête qui inclus notamment X (vraiment?), avec Linkedin tout en haut du classement. Snapchat et Instagram tout au bas de ce palmarès… parce qu’on y consomme des contenus qui demandent peu de réflexion, ou dans la légèreté?
Les résultats de ce plus récent coup de sonde soulignent les tensions entre l’omniprésence des plateformes numériques et la quête d’une consommation médiatique responsable. En explorant ces tendances, il devient clair que l’avenir du numérique repose sur un équilibre entre innovation technologique, éducation des utilisateurs et responsabilisation des acteurs du milieu. On le voit avec ces projets de loi pour réduire, voire interdire l’usage des téléphones intelligents et médias sociaux chez les jeunes de moins de 16 ans, tant en Australie, en France qu’ici au Québec. Il sera intéressant de voir comment le temps de consommation évoluera au fil des prochains mois et prochains rapports.
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