Blogue de Frederic Gonzalo

Algorithmes médias sociaux

L’influence (ou pas) des algorithmes de médias sociaux

Une étudiante de 6e année à Montréal m’a écrit récemment. Dans le cadre d’un projet étudiant avec deux de ses consœurs, elle cherchait à mieux comprendre le rôle que peuvent jouer les algorithmes sur les médias sociaux. Elles avaient ainsi trouvé un article que j’avais rédigé sur le sujet en 2021, Les algorithmes des réseaux sociaux: explications et fonctionnement.

Après lecture de mon article, elles avaient toutefois encore des questions très spécifiques. Des questions fascinantes et pertinentes. Je me suis dit que vous apprécieriez probablement aussi les réponses que je leur ai données.

Voici leurs questions :

  1. Est-ce que les algorithmes peuvent changer le point de vue de quelqu’un ?
  2. Est ce qu’ils peuvent nuire à la santé mentale de quelqu’un ?
  3. Quel est le lien entre la polarisation et les algorithmes ?
  4. Comment les algorithmes ont commencé ?

Déjà, wow! Je ne me posais pas ce genre de questions en 6e année, il me semble… 😜

L’origine des algorithmes

Voici donc mes explications en lien avec vos quatre questions, auxquelles je ne répondrai pas forcément dans l’ordre.

L’origine des algorithmes. Une plateforme sociale comme Facebook, Instagram ou TikTok aura toujours un algorithme. Cela permet de régir la diffusion des contenus en fonction des utilisateurs, leurs intérêts, et une foule de variables.

Prenons un exemple: TikTok. L’algorithme de cette plateforme est réputé pour être diablement efficace à nous pousser du contenu qu’on veut consommer sans fin. Si vous aimez beaucoup un acteur d’Hollywood ou un band musical, vous verrez ce type de contenu. Si moi je préfère des hacks de recettes culinaires ou des paysages de voyage, c’est ce que je verrai.

Pourquoi? Parce qu’il y a littéralement des milliards de contenu (photos, vidéos, sons, chorégraphies, etc.) qui existe sur la plateforme, créés à tous les jours. L’algorithme, donc, agit comme filtre afin de pousser à chaque utilisateur ce qu’il juge pertinent, en fonction de son comportement passé. Vous avez aimé, commenté ou partagé cette vidéo d’un skieur qui fait un saut et atterrit dans un sapin? Il s’agit d’un signal, que capte l’algorithme, pour vous pousser d’autres contenus similaires.

Sur Instagram (et Facebook), l’algorithme ne fonctionne pas exactement de la même manière, car il repose beaucoup sur les abonnés et les abonnements – en d’autres termes, sur les gens que vous suivez et ceux et celles qui vous suivent.

Algorithme et santé mentale

Est-ce que les algorithmes peuvent nuire à la santé mentale? Hmm, pas directement, mais on sait qu’ils contribuent au renforcement de certains comportements en filtrant les messages, et faisant donc certains « choix » qui ont un biais.

Un exemple? Un individu qui fait de l’anorexie pourrait avoir tendance à remarquer et réagir uniquement aux contenus montrant des gens minces, sportifs, etc. L’algorithme interprète cela comme de l’intérêt envers ce type de contenu, et tendra alors à en pousser encore plus dans le fil de nouvelles de l’individu. Bref, on entre dans un cercle vicieux, et l’individu en question ne verra peut-être pas d’autres types de contenus avec des gens « normaux », pas forcément minces et beaux et tout, et tout.

Médias sociaux et polarisation

En ce sens, les médias sociaux et leur algorithme respectif contribuent à la polarisation des opinions par un phénomène qu’on appelle « la chambre à écho ». On tend à se tenir et interagir avec des gens qui pensent comme nous. En d’autres mots, comme l’écho qui nous renvoie notre propre voix, Facebook (et les médias sociaux en général) est reconnu pour regrouper des gens selon leur opinion, champs d’intérêts, valeurs et comportements.

On trouve de tout sur les médias sociaux, en quantité… et pas toujours forcément en qualité!

On a remarqué ce phénomène durant les dernières élections, tant au Québec, au Canada qu’aux États-Unis et à l’international. Les partisans de Trump et Républicains dans un camp, les Démocrates dans l’autre. Chacun a accès à ses propres sources d’information, ses médias, ses porte-paroles et influenceurs. Chacun croit avoir raison. Les algorithmes font malheureusement (ou heureusement, c’est selon) en sorte que l’on ne verra que les publications de gens qui pensent comme nous, car cela nous conforte et renforce notre position. C’est aussi malheureusement ce qui crée la polarisation que l’on observe de manière croissante à l’échelle mondiale.

Médias sociaux et façonnement de l’opinion publique

Dernier point: est-ce que les algorithmes peuvent changer le point de vue de quelqu’un? Pour les raisons évoquées dans le paragraphe précédent, c’est plus rare que cela arrive. Car justement, on tend à voir passer des publications en provenance de gens avec qui on est d’accord ou avec qui on a des atomes crochus.

Ceci étant dit, les algorithmes font en sorte de faire passer des contenus qui sont populaires, et qui peuvent bien souvent nous informer sur une situation ou un contexte. On peut donc, grâce à l’algorithme d’un média social, découvrir un article qui explique les pour et les contre d’un produit, d’une religion ou d’un sujet quelconque.

Cela peut mener à un changement de point de vue et d’opinion, oui. Dans la mesure où l’individu en question continuera de pousser sa réflexion, sa lecture et sa curiosité sur le sujet en question, bien sûr.

Conclusion

Après avoir envoyé cette longue explication par courriel, j’ai reçu une réponse de la petite Maya qui me remerciait d’avoir pris le temps de lui écrire. Ce sont, après tout, des questions bien légitimes et qui vont bien au-delà des préoccupations d’élèves de 6e année – cela nous concerne tous, tant d’un point de vue personnel que professionnel. J’espère donc que cet échange vous aura été utile aujourd’hui et que vous comprendrez (un peu) mieux le fonctionnement des médias sociaux et leur algorithme respectif.

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